L’AÉQJ vous présente, à travers une entrevue exclusive, un de ses membres et en fait son auteur chouchou ! Aujourd’hui, Evelyne Gauthier répond à nos questions !
À quel moment, dans votre vie, avez-vous commencé à écrire ?
Assez jeune. Déjà, quand on me demandait des travaux écrits, surtout des histoires, j’adorais ça! Parfois, j’écrivais des poèmes aussi. J’ai écrit mon premier roman vers l’âge de 12 ans. J’en ai écrit plusieurs autres par la suite, mais j’ai commencé à publier à l’âge « vénérable » de 25 ans.
Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire ?
Un besoin irrépressible de raconter des histoires. J’ai une imagination débordante et j’ai des idées et des histoires qui apparaissent sans arrêt dans ma tête. Parfois, ça me hante littéralement et je n’arrête pas d’y penser. C’est pour cela que je dois les écrire, pour les sortir de ma tête… et penser à la prochaine histoire!
Avez-vous besoin d’une ambiance de travail, d’un lieu ou d’un rituel d’écriture pour vous plonger dans l’écriture ?
Avec une jeune famille, j’ai peu de temps libre et je dois maximiser ce dernier. Je ne peux donc plus vraiment me permettre d’avoir besoin d’un rituel complexe pour faire venir l’inspiration. Quand je m’assois pour écrire, la seule chose dont j’ai besoin est de la musique et je suis partie!
Lorsque vous êtes en travail d’écriture, lisez-vous d’autres auteurs du même genre ?
Rarement, car je ne veux pas me faire influencer par les écrits des autres.
Y a-t-il des manuscrits qui dorment dans vos tiroirs ? Pourquoi ?
Absolument, mes premiers romans, que j’ai écrits à 12, 14 et 15 ans. Parce qu’ils étaient mauvais, tout simplement. J’étais bien jeune quand je les ai écrits, et j’étais inexpérimentée.
Acceptez-vous de retravailler votre texte à la demande d’un éditeur ?
Bien entendu! Je dirais même que le travail de l’éditeur est crucial. Je pense que l’auteur a besoin d’un œil extérieur aguerri pour pointer les défauts du texte et les retravailler en conséquence. Jusqu’à présent, la majorité des conseils que mes éditeurs (éditrices, en fait) m’ont donnés était très utiles.
Lorsque vous terminez l’écriture d’un manuscrit, êtes-vous déjà prêt à commencer l’écriture du prochain ?
Pas mal toujours, oui! J’ai généralement plusieurs autres ouvrages en attente dans ma tête. Lorsque j’en termine un, j’ai donc déjà un autre projet la plupart du temps.
Complétez à votre guise l’énoncé suivant : « L’écriture c’est… »
… essentiel à ma vie.
Selon vous, peut-on écrire sur n’importe quel sujet en littérature jeunesse ?
Oui, tout dépend du traitement et de la sensibilité avec laquelle le sujet est abordé. D’ailleurs, je pense que peu de sujets ne l’ont pas été, surtout au Québec où nous sommes assez ouverts d’esprit.
Que répondez-vous à ceux qui pensent que la littérature jeunesse est inférieure à celle destinée aux adultes ?
Que malheureusement, ils n’y connaissent rien et qu’ils doivent sûrement sous-estimer les jeunes pour avoir une telle opinion. C’est très dommage, car c’est le premier contact avec les livres qui amènera les jeunes à devenir des lecteurs chevronnés par la suite.
Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui veut écrire et publier pour la jeunesse ?
De persévérer, persévérer, persévérer! Et aussi, de lire et écrire beaucoup.
Quels auteurs aimiez-vous ? Et maintenant, que lisez-vous ?
Plus jeune, j’étais une grande fan de la série Nancy Drew (qui s’appelait Alice Roy dans la version française traduite chez Bibliothèque verte). J’étais aussi mordue des livres de Chrystine Brouillet et de Denis Côté. J’ai dévoré la plupart de leurs séries jeunesse publiées alors à La courte échelle.
Vous rappelez-vous votre sentiment lorsque votre premier livre a été publié ?
Un sentiment d’euphorie. Je pense que je n’arrivais tout simplement pas à croire que ça arrivait pour vrai!
Y a-t-il un âge pour publier son premier roman ?
Pas du tout, on peut commencer à n’importe quel âge. Arès tout, personne ne part du même point dans la vie. Mais il est vrai qu’en plus du talent, l’expérience et la maturité influencent souvent la qualité de l’écriture.
L’éditeur demande-t-il souvent des modifications à l’auteur ?
Pas mal toujours, oui. Même dans les cas d’auteurs chevronnés, aucun texte n’est parfait. Mais la quantité de modifications demandée varie beaucoup d’un auteur à l’autre et d’un éditeur à l’autre.
À ce jour, combien avez-vous écrit d’ouvrages ?
Mon douzième roman, Emma, dans la collection C ma vie, vient tout juste de sortir.
Pouvez-vous vivre de votre travail d’écrivain ?
Non et rares sont ceux qui le peuvent, surtout au Québec. C’est un très petit marché, ce qui rend cela très difficile.
Combien de romans pensez-vous encore écrire ?
Des dizaines, c’est certain. J’ai toute une liste de projets qui n’attendent que d’être écrits.
Prendrez-vous votre retraite un jour ?
Jamais de la vie! Pas de l’écriture, en tout cas. J’ai bien trop d’histoires dans la tête.
Avez-vous participé à des concours littéraires ? Avez-vous gagné des prix ? Lesquels ?
Oui, au Marathon d’écriture inter-collégial d’écriture du cégep André-Laurendeau en 1996. J’avais alors remporté le premier prix.
Est-ce important à vos yeux de remporter un prix littéraire ?
Plus ou moins. Ce n’est pas essentiel à la vie d’un auteur, mais c’est toujours un bel encouragement, une belle reconnaissance, car nous doutons très souvent de notre talent.
Êtes-vous sensible à la critique que l’on fait de vos écrits ?
Oui, comme tous les auteurs! On veut connaître la réaction des gens et nous sommes tous sensibles à cela.
Vos amis proches sont-ils aussi auteurs ?
Par la force des choses, beaucoup de mes amis le sont puisque je travaille constamment dans ce milieu.
Pourquoi faites-vous partie d’une association comme l’AÉQJ ?
Je trouve important de faire partie d’association, surtout par solidarité. Les auteurs sont vulnérables et doivent parfois se regrouper pour faire valoir leurs droits, avoir des activités intéressantes ou revendiquer des choses. Ou tout simplement, avoir accès à de l’information, des conseils et des idées de leurs pairs.
Où êtes-vous né et où avez-vous vécu ?
Je suis née à Montréal et j’ai vécu dans le quartier Mile-End pendant vingt ans. Ensuite, j’ai déménagé à plusieurs reprises à Montréal, puis sur la rive sud pour enfin aboutir sur la rive nord où j’habite depuis onze ans.
Enfant, que faisiez-vous de votre temps libre ?
Jeune, je passais énormément de temps à lire et à dessiner. À l’époque, je voulais d’abord être bédéiste avant de devenir romancière.
Y avait-il des écrivains dans votre entourage familial ? Des artistes ?
Pas d’écrivains, mais mon père est un artiste accompli des arts visuels et des métiers d’art. C’est d’ailleurs de mes deux parents que j’ai hérité l’amour de l’art et des musées.
Lorsque vous étiez jeune, vouliez-vous devenir écrivain ?
J’ai commencé à y songer alors que je devais avoir environ dix ans! Mais j’ai quand même fait plusieurs détours et commis plusieurs erreurs de parcours avant d’en arriver là.
Quand vous commencez à écrire une histoire, la connaissez-vous en entier ou improvisez-vous au fur et à mesure ?
Je rédige toujours un plan avant même d’écrire la première ligne. Je sais toujours où je m’en vais et comment ça risque de finir. Cependant, mon plan n’est jamais coulé dans le béton. Il y aura toujours des modifications en cours de route.
Êtes-vous marié ? Avez-vous des enfants ?
Je ne suis pas mariée, mais je vis avec mon conjoint depuis longtemps et nous avons deux enfants.
Avez-vous une ou des passions autres que la lecture et l’écriture ?
Oui, après le dessin, j’adore la danse! J’aime aussi l’artisanat et le bricolage, ainsi que le vélo.
Rencontrez-vous souvent vos lecteurs ? Dans quel cadre ?
Absolument. Je fais de rencontres dans les écoles, mais j’aime surtout aller dans les salons du livre. C’est toujours vivifiant comme expérience!
Crédit photo: Patrick Lemay