L’AÉQJ se passionne pour la littérature jeunesse d’ici et désire vous faire mieux connaître ses membres – auteurs et fervents artisans – comme Dominique Tremblay!…

 

À quel moment, dans votre vie, avez-vous commencé à écrire ?

Dès que j’ai su écrire, j’ai écrit : des mots d’enfants pour mes parents, des historiettes, une montagne de lettres, des textes enflammés pour mes devoirs d’école, puis des cris du cœur barbouillés dans mon journal intime d’adolescente bref, j’ai commencé à écrire bien longtemps avant de le faire pour être publié.

 

Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire ?

À l’origine, c’est parce que j’aime les mots, les images et les livres. J’ai aussi toujours vu ma mère, une vraie passionnée, en train de lire tout comme mon grand frère, sauf quand il jouait de la guitare électrique. Et la première fois que j’ai mis les pieds en compagnie de ma mère dans le bibliobus de notre quartier, entourée de tous ces livres qui sentaient bon, un déclic s’est produit : mon nom, je voulais le voir un jour inscrit sur la couverture d’un roman. Alors, chez ma grand-mère qui me gardait tous les midis de la semaine, je m’amusais avec la dactylo de mon oncle. Une autre époque…

 

Y a-t-il une part de votre écriture qui est autofictive ?

À date, mes écrits sont puisés majoritairement dans mes histoires de vie que je vire parfois à l’envers, selon mon inspiration ou pour ne pas faire de peine. J’aime aussi que mes romans finissent bien… c’est l’avantage de la fiction!

 

Avez-vous toujours rêvé de devenir auteure, ou votre venue à l’écriture jeunesse est un hasard de la vie?

Je rêve beaucoup, c’est mon mode de vie, et devenir auteure faisait partie de mes plus folles aspirations. Mais avoir un enfant figurait en haut de ma liste de rêves!

 

Pourriez-vous nous raconter vos débuts dans l’écriture ?

Mes débuts dans le monde de l’écriture ont été retardés par ma santé. Jeune adulte, un virus agressif a attaqué mon cœur, qui n’a pas, bien sûr, apprécié. Les années qui ont suivi ont donné lieu à plusieurs péripéties, une guérison, la venue au monde de mon garçon et, revirement, un arrêt cardiaque dans mon lit un beau soir d’été. J’ai dû réapprendre à lire, compter et écrire pendant de longs mois avant d’avoir l’honneur d’être publié. Encore aujourd’hui, quelques séquelles sont présentes : je n’écris pas vite, les mots s’embrouillent si je suis fatiguée, je me réécris sans relâche et, si je laisse mon texte trop longtemps – nous finissons à peine la rénovation de notre 9emaison, la construction de celle de notre fils, notre déménagement en région, mon projet Mont Livres et mon nouveau rôle de grand-mère — bref, je perds le fil de mon histoire. Rien de bien grave, je suis simplement la tortue dans la fable de La Fontaine. 

 

Vous rappelez-vous votre sentiment lorsque votre premier livre a été publié ?

Avant de toucher le précieux livre physique, il y a l’attente d’un oui ou d’un non de la part de l’éditeur. Dans mon cas, j’espérais une réponse positive sans trop y croire et sans oser vraiment en parler. C’était mon secret. En 2004, les bonnes nouvelles arrivaient par lettres, du moins c’était le cas de mon premier éditeur. Les yeux écarquillés et les mains tremblantes, j’ai lu ou plutôt savourer les mots qui étaient étalés là, devant moi, pour moi. Mon mari, arrivé quelques secondes après et appréhendant un drame vu mon état, a été soulagé par mon sourire plus grand que la terre. Et très fière de sa femme. Ma mère, elle, quand je lui ai annoncé l’incroyable nouvelle au téléphone m’a répondu : « Quel livre? »

 

Comment le livre est-il illustré ? Y participez-vous ?

Voir les illustrations de mes livres me procure un plaisir fou! J’y suis très sensible peut-être parce que mon père, quand il peignait de belles toiles, semblait enfin heureux. Donc, quand je reçois les esquisses pour y faire des commentaires, j’ai l’impression que c’est Noël. Je les découvre avec une douce béatitude, puis les examine attentivement pour éviter toute inexactitude avec mon texte. Par contre, je n’ai pas encore trouvé le courage d’avouer ce que je trouve laid!

 

Est-ce toujours vous qui choisissez le titre de vos histoires ?

Je choisis le titre de mes livres avec soin, et j’y tiens. Je suis capable de les défendre s’il le faut, mais cela ne m’est arrivé qu’une seule fois. 

 

Êtes-vous sensible à la critique que l’on fait de vos écrits ?

Bien sûr, il m’est difficile d’être insensible aux critiques de mes livres, sauf qu’à date, elles sont assez clémentes. Il y a eu quelques personnes qui ne comprenaient pas que j’aborde le thème des maladies mentales pour des jeunes dans mon roman À la folie!, mais c’était en 2004. Heureusement, les mentalités évoluent. En plus, avec ma mémoire qui est loin d’être parfaite, j’oublie graduellement. Mais les bonnes critiques, elles, je les imprime sur des feuilles!

 

Pourquoi faites-vous partie d’une association comme l’AÉQJ ? Cela vous aide-t-il à vous donner une visibilité, à mieux faire la promotion de vos livres, à avoir accès à des fonds, à participer à des événements publics ?

Je suis membre de l’AÉQJ parce qu’en premier lieu, je suis tellement fière d’être auteure jeunesse! Au début aussi, les rencontres d’auteurs qui m’ont été proposées avec sensibilité m’ont fait sortir de ma coquille, moi qui avais une peur bleue d’en sortir. Et la générosité de la grande famille de l’AÉQJ a permis que je réalise un autre rêve, celui d’ouvrir une bibliothèque jeunesse à Orford, Mont Livres.

 

Y a-t-il des matières scolaires que vous préfériez ou que vous n’aimiez pas du tout ?

Tout au long de mon parcours scolaire, qui s’est terminé par la moitié d’un certificat en création littéraire, mon cours de français a en tout temps été mon préféré, suivi par celui d’éducation physique. Nourrir le corps et l’esprit! Plusieurs enseignantes et enseignants, souvent sévères, ont soufflé sur la flamme que j’avais pour l’écriture, et je ne les oublierai jamais.

 

Y a-t-il une ville ou un endroit qui occupe une plus grande place dans vos écrits ? Pourquoi?

Étant montréalaise d’origine et y ayant vécu plus d’une cinquantaine d’années, je me sens à l’aise d’y installer mes histoires. À une occasion, j’ai ajouté à mon récit la magnifique région de Charlevoix, car j’y ai passé la majorité de mes vacances de jeunesse. Pour le futur, étant maintenant une orferoise, je suis certaine que mon nouvel environnement va inspirer mes idées d’écriture. Adieu le Mont-Royal, vive le Mont-Orford!

 

Avez-vous des animaux ?

Les chiens ont toujours fait partie de ma vie, et de mes romans jeunesse. Dans chacun de mes livres, ils ont une place, petite ou grande, dans l’histoire. Je demande à tous coups à l’illustratrice ou l’illustrateur d’avoir au moins un dessin le représentant dans mon livre. Les enfants adorent les animaux, et moi aussi!