L’AÉQJ se passionne pour la littérature jeunesse d’ici et pour ses membres, artisans et créateurs littéraires, essentiels au développement, à l’apprentissage et au mieux-être de nos jeunes. La rubrique Auteur chouchou se veut un contact privilégié avec eux.
En ce début 2020, découvrez l’auteur Mathieu Muir, lauréat du Prix Cécile-Gagnon – volet Roman 2019…
Quand vous étiez enfant, lisiez-vous beaucoup ? Que lisiez-vous ?
J’ai commencé avec les bandes dessinées et c’est ce qui m’a fait aimer la lecture du soir. Je n’ai d’ailleurs jamais arrêté de lire quelques pages avant de m’endormir.
Avez-vous déjà tenu un journal intime ou des carnets où vous releviez des citations, des pensées, vos états d’âme, etc. ?
Lors de chacun de mes voyages, j’ai un carnet que je remplis religieusement tous les soirs. J’y mets sur papier toutes mes idées et les éléments anodins que je découvre. Comme je m’inspire beaucoup dans mes écrits de ce que je vois, mes romans ont tendance à se dérouler un peu partout autour du globe.
Combien de temps avez-vous mis à pouvoir publier votre premier écrit jeunesse ? Était-ce un roman ? un album ? une bande dessinée ?
« L’ère de l’Expansion » est mon premier roman. Il m’a pris dix ans à écrire, mais j’avoue qu’il y a eu des bonnes périodes de jachère. La suite étant déjà planifiée, je me promets qu’il sera complété en un an, ce qui est beaucoup plus raisonnable!
Quand vous l’écriviez, aviez-vous déjà en tête l’idée de le publier ?
Lors de l’écriture de mon premier roman, mon seul objectif était d’arriver au bout du processus d’écrire une histoire complète et qui pourrait être lue par mes amis et, à plus long terme, par mes enfants et les leurs. Évidemment, une fois le roman terminé, il est difficile de ne pas succomber à la tentation de vouloir se faire publier, quand on est content du produit fini!
Quand vous commencez à écrire une histoire, la connaissez-vous en entier ou improvisez-vous au fur et à mesure ?
Quand je commence à écrire, à peu près tout est planifié. Je passe tellement de temps à l’ébauche des scénarios que lorsque je finis par trouver le temps pour écrire, je sais exactement où je m’en vais. Ceci dit, en cours d’écriture, il m’arrive de tomber en amour avec certaines scènes ou certains personnages et je me laisse la liberté de dériver du script envisagé pour leur laisser plus de place ou d’importance.
Préférez-vous écrire vos dialogues dans la langue parlée ou plus soutenue ?
Ça dépend vraiment du personnage qui parle. Les types de dialogues varient beaucoup et j’adore jouer avec ça pour étayer la personnalité des personnages de mes romans.
Faites-vous lire votre texte pendant la période d’écriture ? À quel moment ?
Ma copine lit tous mes textes, à la fin de chaque section ou chapitre. C’est le moment le plus stressant de tous mon processus d’écriture. Au moment où j’écris ces lignes, elle est d’ailleurs devant moi en train de lire le dernier chapitre de mon prochain roman, « Les héritiers de l’Expansion ».
Y a-t-il une part de votre écriture qui est autofictive ?
Pas volontairement, mais mes bons amis pensent le contraire. Lors de la sortie de mon premier roman, dans lequel il avait une bonne vingtaine de personnages importants, plusieurs personnes de mon entourage se sont amusées à essayer de déterminer lequel de ces personnages me correspondait. Avec du recul, probablement que beaucoup des personnages correspondent à une facette de ma personnalité.
Y a-t-il des sujets ou des thèmes à propos desquels il vous est difficile d’écrire ? Vous arrive-t-il, dans ces cas, de vous autocensurer ?
Oui, je dois me censurer beaucoup en humour! Mes romans ont toujours un style humoristique, mais je dois me concentrer sur l’humour de situation qui cadre bien dans l’histoire, sinon j’abuse un peu trop facilement des cabotinages.
Acceptez-vous de retravailler votre texte à la demande d’un éditeur ?
Oui, et c’est très grandissant. Le seul élément important est qu’à chaque itération je trouve mon texte meilleur.
Vous rappelez-vous votre sentiment lorsque votre premier livre a été publié ?
Oui, c’est capotant. Juste le fait de recevoir une boite contenant des exemplaires de son propre livre est surréaliste. Même sentiment quand on l’aperçoit dans une librairie!
Lorsque vous terminez l’écriture d’un manuscrit, êtes-vous déjà prêt à commencer l’écriture du prochain ?
Oui, et même bien avant! J’ai la mauvaise habitude de toujours penser aux suites possibles à une histoire. Quand j’ai terminé l’écriture de mon premier roman, la suite était déjà complètement scénarisée. À la fin de l’écriture de cette suite, j’ai déjà trois autres suites en tête. Il est beaucoup plus difficile pour moi de planifier une fin que d’envisager une suite!
Y a-t-il des manuscrits qui dorment dans vos tiroirs ? Pourquoi ?
Oh oui! J’ai plusieurs projets, rendus à différents niveaux de complétude qui attendent patiemment leur tour! J’ai même un livre dont vous êtes le héros de scénarisé et d’assez avancé! Mais cette période de recul que je peux prendre sur ces manuscrits entamés n’est pas du tout négative. Ça me permet d’avoir un regard un peu plus extérieur sur mes projets lorsque j’y replonge.
Qu’est-ce qui vous séduit dans la SF/le fantastique ?
Ça peut paraitre paradoxal, mais ce que j’aime le plus dans ces deux styles, c’est le côté réaliste des romans. Quand l’auteur intègre un élément futuriste ou fantastique dans une ambiance crédible où le lecteur se reconnait, afin d’engendrer un changement de paradigme.
À quoi reconnaît-on, selon vous, un grand écrivain ? Un grand texte ?
Une œuvre qu’on se promet de relire. Je dirais même, qu’on peut relire et relire encore en l’appréciant toujours autant.
Avez-vous participé à des concours littéraires ? Avez-vous gagné des prix ? Lesquels ?
Mon premier roman vient de gagner le prix Cécile-Gagnon 2019, de l’Association des écrivains québécois pour la jeunesse, et c’est un très grand honneur, merci encore!
Crédit photo: Véronique Sylvain