L’AÉQJ se passionne pour la littérature jeunesse d’ici et pour ses membres, artisans et créateurs littéraires, essentiels au développement, à l’apprentissage et au mieux-être de nos jeunes. La rubrique Auteur chouchou se veut un contact privilégié avec eux. 

Aujourd’hui, nous vous proposons de découvrir la lauréate du Prix Cécile-Gagnon 2021, volet roman, l’auteure Elizabeth Baril-Lessard!…

À PROPOS DE L’ÉCRITURE

Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire ?

Je suis une personne plutôt timide et je me retiens souvent de dire ce que je pense. J’ai donc trouvé, à travers l’écriture, une liberté et un lieu sécuritaire pour m’exprimer. 

Où puisez-vous votre inspiration ?

La plupart du temps, je m’inspire d’un évènement que j’ai déjà vécu et m’amuse à inventer un nouvel environnement autour. Le fait de partir d’une émotion que je connais m’assure une base solide et par la suite, je peux me laisser aller dans mon imaginaire. 

Lorsque vous êtes en travail d’écriture, lisez-vous d’autres auteurs du même genre ?

Oh oui! Toujours! Et de plein d’autres genres aussi. J’adore lire et j’ai profondément besoin de me nourrir des autres artistes pour créer. Je vais aussi beaucoup au théâtre, j’écoute de la musique, assiste à des spectacles de danse, etc. 

Vous arrive-t-il de vous relire et de trouver votre texte mauvais ? 

Oui! Ça m’arrive. Mais je ne porte plus de jugement trop sévère, puisque j’ai vraiment confiance en la réécriture et l’évolution d’une histoire. Même dans un texte mauvais, il y a quelques petites pépites d’or. Suffit de prendre le temps de les reconnaître et de ne pas craindre la réécriture.  

À PROPOS DE LA LITTÉRATURE JEUNESSE

Quand vous étiez enfant, lisiez-vous beaucoup ? Que lisiez-vous ?

Enfant, oui! Je fais partie de la première génération Harry Potter, donc j’étais une grande fan de ce genre. Au début de mon adolescence, j’ai commencé à lire des livres plus réalistes, des histoires d’amour aussi. Puis, au début de l’âge adulte, j’ai complètement arrêté de lire! Comme si j’avais besoin d’une pause. Donc, ne jugez jamais quelqu’un qui ne lit pas. Parfois, c’est difficile de se retrouver dans la littérature quand notre propre vie est chambranlante. Chacun son rythme et les grandes histoires finissent toujours par nous rattraper. 

Que répondez-vous à ceux qui pensent que la littérature jeunesse est inférieure à celle destinée aux adultes ?

Ces gens n’ont rien compris à la littérature! Haha! Ils n’ont pas conscience que tout part de la littérature jeunesse! C’est dans ces histoires qu’on ose parler de sujets tabous, qu’on réinvente la société, qu’on propose de nouvelle manière de raconter. La littérature jeunesse est forte, essentielle et en aucun cas inférieure à toute autre forme d’art. 

Selon vous, qu’est-ce qui fait le succès dans le domaine de l’écriture jeunesse ?

Ne jamais prendre les jeunes pour des gens moins brillants ou moins éduqués. Je pense sincèrement que si un auteur commence à écrire en ayant confiance en la capacité de ses lecteurs, il a déjà une longueur d’avance. Ensuite, suffit d’avoir une bonne histoire, tout simplement.

Croyez-vous que l’auteur jeunesse doive adopter le langage de ses lecteurs ? Pourquoi ?

Oui et non. Je pense que l’auteur doit s’assurer d’avoir des personnages crédibles dans son histoire et c’est souvent par la langue que cette authenticité peut ressortir. Après, il y a toutes sortes de personnages dans la vie, donc toutes sortes de langage. 

À PROPOS DE VOTRE VENUE À L’ÉCRITURE

Que lisiez-vous quand vous étiez enfant et adolescent ?

Un peu de tout. Du fantastique, réaliste, psychologique et même de l’horreur! 

Quels auteurs aimiez-vous ? Et maintenant, que lisez-vous ?

Jeune je lisais beaucoup nos auteurs jeunesses québécois, Dominique Demers, Alain M. Bergeron, etc. À l’adolescence, j’ai eu une passe où je ne lisais que les livres de Patrick Senécal. Aujourd’hui, je lis majoritairement de la littérature jeunesse. J’adore Susin Nielsen, Patrick Isabelle, Laurence Beaudoin-Masse, etc. Quand je lis des livres pour adultes, je me lance plus dans des essais ou même des romans graphiques. 

Sur quels sujet ou thématique avez-vous commencé à écrire ? Pourquoi ?

J’ai tout de suite commencé à écrire sur la santé mentale. Ayant moi-même un trouble anxieux depuis l’adolescence, j’avais envie depuis longtemps de partager mes réflexions à ce sujet. J’ai même fait un certificat en service social à l’université afin de me sentir plus outillée à parler de ce thème. 

Avez-vous été encouragé à écrire ou vous a-t-on plutôt découragé ? Par qui ?

C’est peut-être une réponse étrange, mais aucun des deux. J’ai dû me créer ma propre estime, croire assez en moi pour poursuivre mes rêves. Je n’ai jamais douté que j’étais une artiste, après ça m’a pris beaucoup de temps avant de trouver ma manière de l’être. J’ai essayé plusieurs autres avenues et dans celles-ci, j’ai eu mon lot d’échecs et de moments décourageants.

À PROPOS DE LA PUBLICATION

Vous rappelez-vous votre sentiment lorsque votre premier livre a été publié ?

C’est irréel et ce l’est encore aujourd’hui. C’est un moment précieux, possible grâce à tellement de travail et tellement de personnes. C’est grandiose! Haha! 

Si j’envoie un manuscrit chez un éditeur et que je n’ai jamais publié, à quoi dois-je m’attendre ? Combien de temps cela prendra-t-il avant d’obtenir une réponse ?

Ce qui est beau dans ce milieu, c’est que tout le monde peut avoir une chance de publier. Pas besoin d’étude en particulier, pas besoin d’avoir des contacts dans le milieu (je n’en avais aucun). Dès que tu envoies un manuscrit, il faut toutefois être bien patient. Ça peut prendre jusqu’à 6 mois avant de recevoir une réponse et souvent, si c’est négatif, l’auteur ne reçoit pas de retour de l’éditeur. Que ce soit accessible à tout le monde est positif au départ, mais peut devenir négatif puisque cela augmente la quantité de manuscrits reçus par les maisons d’édition. 

Pouvez-vous vivre de votre travail d’écrivain ?

Je vis de mon travail d’artiste. La meilleure manière pour vivre de ses livres, c’est de développer d’autres cordes à son arc. Je dirige aussi une compagnie de théâtre à Québec et j’écris moi-même des pièces jeune public. Je réussis donc à vivre de mes livres et du théâtre. 

À PROPOS DE LA RECONNAISSANCE

Avez-vous participé à des concours littéraires ? Avez-vous gagné des prix ? Lesquels ?

Le premier tome de ma série « Ma vie de gâteau sec » fut le grand gagnant du Prix de création littéraire du Salon international du livre de Québec en 2020. Ce même titre est actuellement en lice pour le prix Cécile-Gagnon. Mon objectif principal, quand j’écris, c’est d’atterrir d’une manière ou d’une autre entre les mains des jeunes. Et si, au tournant, je reçois en plus un amour précieux de mes pairs, je ne peux être que comblée. 

À PROPOS DES SOCIABILITÉS LITTÉRAIRES

À quoi correspond, selon vous, le rôle social de l’écrivain ?

L’écrivain a cette chance unique de reconnaître le temps. Nous sommes dans une position particulière d’observateur, ce qui pour moi me donne une sensation d’être utile quand j’écris. Mais je suis loin d’avoir la vérité absolue par contre! Je ne fais que partager mon regard, gratter des sensations. Je pense sincèrement que l’artiste en général peut libérer une parole et faire avancer les choses. 

Pouvez-vous nous parler du livre préféré que vous avec publié ? 

Puisque je n’ai publié qu’une seule série, c’est plutôt difficile d’en choisir un seul! 

Pouvez-vous en résumer l’histoire ? 

La série Ma vie de… raconte l’histoire de Louane, une jeune fille de 15 ans qui ne vit que pour la danse. Elle a construit son entière estime sur ce talent. Jusqu’au jour où, durant un spectacle de danse super important, elle s’effondre sur scène. Tout au long de la série, le personnage doit vivre avec un diagnostic de trouble anxieux, à travers les autres défis de l’adolescence.  

Pourquoi avez-vous écrit ce livre ? 

Même si on sent que les gens sont de plus en plus à l’aise avec la santé mentale, certains traits de ces troubles sont encore tabous. Je voulais démystifier l’anxiété, montrer qu’une personne qui vit avec ça n’est pas qu’’une personne sombre. Elle peut être nuancée, drôle et lumineuse.

À PROPOS DE VOTRE FAMILLE ET VOTRE PARCOURS ACADÉMIQUE

Où êtes-vous né et où avez-vous vécu ?

Je suis née à Québec et j’y vis toujours. 

Y avait-il des écrivains dans votre entourage familial ? Des artistes ?

Aucun! Plusieurs avaient certains talents artistiques, comme le dessin par exemple, mais personne n’a jamais choisi d’en faire un métier. 

Étiez-vous un élève doué ?

Non! Au primaire, j’aimais l’école et j’étais plutôt bonne. C’est au secondaire que j’ai commencé à perdre confiance en moi au niveau scolaire. Et plus l’anxiété était dans ma vie, plus c’était difficile de me lever le matin et d’affronter ces défis. 

À PROPOS DE VOTRE ENFANCE

Lorsque vous étiez jeune, vouliez-vous devenir écrivain ?

Toute mon enfance, jusqu’à 15 ans, je voulais devenir interprète en danse. Suite à l’arrivée de l’anxiété dans ma vie, je me suis retournée vers le théâtre. C’est vers l’âge de 25 ans que j’ai voulu devenir autrice. 

À PROPOS DE VOTRE PROCESSUS D’ÉCRITURE

Vous arrive-t-il de mener de front deux, trois romans ?

Je n’ai jamais écrit plusieurs romans à la fois, mais souvent, j’écris un roman en même temps qu’une pièce de théâtre. Avoir les deux styles me permet de ne jamais sentir que je fais deux fois la même chose. 

À PROPOS DE VOS GOÛTS

Êtes-vous marié ? Avez-vous des enfants ?

Je suis avec mon copain depuis bientôt 11 ans! Nous sommes fiancés, mais pas encore mariés et nous voulons des enfants. 

Écoutez-vous la radio ?

Oui! J’écoute Radio-Canada. 

Regardez-vous la télévision ?

Oui! Je suis une grande fan de la télévision québécoise, mais j’écoute aussi Netflix. 

Participez-vous souvent à des salons du livre ? Pourquoi ?

Quand la pandémie est arrivée, j’avais seulement eu la chance de vivre un Salon! Depuis deux ans, je participe donc aux Salons en virtuel, mais j’aurai enfin la chance de revivre cette expérience en présentiel en novembre avec le Salon du livre de Montréal. 

Avez-vous des animaux ?

J’ADORE les chiens! Mais je n’en ai pas, puisque je vis en appartement et je n’ai pas les moyens d’en avoir un pour le moment. 

Merci Elizabeth!

Bibliographie: