L’AÉQJ se passionne pour la littérature jeunesse d’ici et désire vous faire mieux connaître ses membres – auteurs et fervents artisans – telle que Diane Groulx !… 

Parlez-nous de votre enfance : vos parents, vos frères, vos sœurs, etc.

Je suis enfant unique. J’ai toujours eu de bons amis avec qui je pouvais échanger, mais les livres ont toujours eu une place importante. Je ne m’ennuyais jamais avec eux. À l’âge de dix ans, j’ai commencé à écrire pour mon plaisir. Je m’inspirais beaucoup de mes lectures. Depuis, je n’ai jamais arrêté. Certaines de mes histoires ont le privilège d’être publiées maintenant.

Quand vous étiez enfant, lisiez-vous beaucoup ? Que lisiez-vous ?

Quand j’étais enfant, les livres étaient mes meilleurs amis. J’aimais m’évader et vivre différentes aventures. Je rêvais de devenir auteure et de partager mes écrits avec les jeunes pour les divertir.

Avez-vous toujours rêvé de devenir auteure, ou votre venue à l’écriture jeunesse est un hasard de la vie ?

J’en ai rêvé depuis l’âge de 10 ans, mais je ne savais pas comment m’y prendre. Je visitais les salons du livre et j’étais toujours impressionnée de rencontrer des auteurs. J’étais trop timide pour leur poser des questions. Beaucoup plus tard, j’ai osé soumettre un manuscrit à une maison d’édition. On a pris le temps de me répondre. J’ai reçu une lettre manuscrite écrite avec une encre turquoise. La directrice littéraire me proposait des pistes pour améliorer mon texte. Je ne comprenais pas ce qu’elle voulait dire. Quelques mois plus tard, une bonne amie à moi a suivi un cours en littérature jeunesse. Je lui ai demandé de lire mon manuscrit. Elle m’a fait ses recommandations. Je suis allée chercher la lettre que j’avais reçue. J’étais impressionnée, car les recommandations étaient les mêmes! Je lui ai demandé de me donner un exemple de ce qu’elle voulait dire. J’ai compris. J’ai retravaillé mon texte et il a été publié. 

À quel moment, dans votre vie, avez-vous commencé à écrire ?

J’ai commencé à écrire à mon retour d’un séjour chez les Inuits. J’enseignais et mes élèves me posaient souvent des questions sur la vie dans le Grand Nord. Je me suis rendu compte qu’il y avait beaucoup de préjugés à l’égard des Inuits et que les livres disponibles parlaient souvent de leur vie d’antan, rarement de leur vie contemporaine. C’est alors qu’est né mon premier roman, Le défi nordique. J’avais pris conscience que c’était un privilège d’avoir côtoyé ce peuple et je voulais leur rendre hommage et valoriser leur langue et leur culture.

Où puisez-vous votre inspiration ?

Maintenant, je puise mon inspiration en écoutant l’actualité, en observant, en posant des questions. La curiosité et l’ouverture d’esprit sont importantes, ce sont des précurseurs à l’écriture.

Avez-vous besoin d’une ambiance de travail, d’un lieu ou d’un rituel d’écriture pour vous plonger dans l’écriture ?

J’aime écrire le matin. Je suis plus alerte et plus disponible. J’aimerais écrire tous les jours, mais mon horaire ne me le permet pas. Je dois faire un autre travail pour subvenir à mes besoins et à ceux de ma famille. J’écris toujours le premier jet à la main. J’aime le mouvement du crayon sur la feuille. Je choisis toujours un crayon à l’encre qui glisse bien. Sinon, je deviens frustrée si je ne peux pas écrire vite. Les idées et les mots se bousculent dans ma tête. 

Éprouvez-vous des difficultés au moment de l’écriture ? Comme le syndrome de la page blanche ?

Un jour, une collègue auteure m’a demandé sur quoi j’écrivais ces temps-ci. J’étais gênée de lui dire que je n’écrivais rien. Elle m’a alors demandé si je pensais à une intrigue, à des personnages. Et là, je m’anime. Oui, dans mes rêves, des personnages prennent forme. Ils me dirigent vers une intrigue qui prend vie dans ma tête. Elle m’a fait prendre conscience qu’écrire, c’est ça aussi. Lorsque j’ai été prête, j’ai couché ce récit sur papier. Je ne vis donc jamais le syndrome de la page blanche.

Avez-vous des thématiques préférées ou des obsessions liées à l’écriture ?

Je lis beaucoup de romans policiers pour les adultes. Mon rêve est d’en écrire un. J’ai commencé au printemps 2020. Je suis encore loin d’atteindre mon but, mais je ne suis pas pressée.

Y a-t-il des manuscrits qui dorment dans vos tiroirs ? Pourquoi ?

Il y en a plusieurs. Ils sont témoins de plusieurs époques de ma vie. Tous n’ont pas trouvé un éditeur, tous ne le méritaient pas. Mais tous m’ont fait grandir!

Acceptez-vous de retravailler votre texte à la demande d’un éditeur ?

J’accepte toujours de retravailler un texte. L’éditeur a du recul face à l’histoire et c’est son rôle de nous pousser plus loin et de nous faire grandir en tant qu’auteure.

Comment vous est venue l’idée de publier ?

J’ai eu envie de partager, de communiquer avec les jeunes. La publication permet de toucher un grand nombre de jeunes. 

Travaillez-vous avec plusieurs maisons d’édition ? Pourquoi ?

En tant qu’auteure, je trouve ça important de travailler avec plusieurs éditeurs. Chacun a sa façon de travailler, mais une chose est sure, on apprend toujours, tout au long du processus.

Vous arrive-t-il d’accepter de réaliser un livre sur commande ?

Ça m’est arrivé à quelques reprises. C’est tout un honneur et c’est un défi que j’aime relever.

Quand un auteur est-il payé ?

L’auteur est payé une fois par an. Rares sont ceux qui peuvent vivre de leur plume puisqu’on reçoit 10% du prix vendu en librairie.

Vos livres sont-ils traduits dans d’autres langues ?

Un de mes romans est publié en Angleterre et donc traduit en anglais. J’en suis très fière.

Prendrez-vous votre retraite un jour ?

Je ne pense pas que la retraite soit possible en écriture. Du moins, pas comme on l’entend dans la société actuelle. L’écriture n’a pas d’âge et elle est souvent intemporelle.

Savez-vous si certains de vos écrits ont été intégrés dans des programmes de littérature du primaire ou du secondaire ?

Le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur a choisi un extrait de mon roman « Le défi nordique » pour l’examen de fin de parcours du primaire en 2009. C’était une belle surprise!

Certains de vos livres ont-ils été réédités ?

Mon premier roman « Le défi nordique » en est à sa troisième édition. Il est encore demandé. Certaines écoles l’utilisent et m’invitent à faire des animations pour parler de mon métier et de la culture des Inuits.

Pouvez-vous nous parler du livre préféré que vous avec publié ? 

Lorsque je fais des animations, on me pose souvent cette question. Je réponds toujours que c’est mon premier roman, « Le défi nordique ». Sa publication m’a donné des ailes, m’a donné envie de poursuivre et d’écrire d’autres histoires.

Pouvez-vous en résumer l’histoire ? 

Ce roman raconte l’histoire de Julien, un jeune citadin, venu s’établir au Nunavik avec sa famille, et de Noah, un jeune Inuit de son âge. À travers leur amitié, on en apprend plus sur la culture et la langue des Inuits. Un jour, les garçons se lancent un défi : survivre sur la toundra, comme l’ont fait les Inuits pendant des siècles. Ils partent donc à l’aventure, mais ne se doutent pas un instant que c’est la toundra qui déterminera lequel des deux remportera le défi.

Le fait d’avoir eu des enfants a-t-il influé sur votre activité littéraire ? Si oui, de quelle manière ?

Mes enfants sont une source d’inspiration. Je suis une voleuse d’instants précieux, de paroles magiques et de jeux imaginaires.  J’ai une magnifique famille. Je suis la fière maman de sept enfants.

Merci Diane!

(Bibliographie partielle)