L’AÉQJ adore la littérature jeunesse d’ici et se passionne pour ses membres : artisans et créateurs littéraires essentiels au développement, à l’apprentissage et au mieux-être de la jeunesse.
La rubrique Auteur-e chouchou vous offre un moment privilégié avec eux.
Place à la découverte de l’auteure Caroline Auger…
À PROPOS DE VOUS:
Où êtes-vous née et où avez-vous vécu ?
Je suis née à Drummondville, mais j’ai déménagé quelques fois. Je pense que ces déménagements ont forgé ma personnalité. Ensuite, mes nombreux voyages m’ont ouvert aux autres cultures. À 18 ans, je suis partie au Pérou et j’ai découvert les bidonvilles, comme Ève-Marie dans mon plus récent roman « Le cartel du Poisson ». Le centre Hombres nuevos, où travaille l’un de mes personnages, est un centre qui existe vraiment, où j’ai fait du bénévolat à Callao. Il héberge les hommes souffrant d’une dépendance à la cocaïne.
Quand vous étiez enfant, lisiez-vous beaucoup ? Que lisiez-vous ?
Enfant, j’étais ce qu’on appelle un rat de bibliothèque. Je me rappelle entre autres la série Alice la détective, de la bibliothèque verte. Son enquête au Pérou m’a donné envie de visiter ce pays (ce que j’ai fait). Aussi, en 1èresecondaire, nous avions comme lecture obligatoire Le dernier des raisins de Raymond Plante. Ce roman humoristique m’avait beaucoup plu. Adolescente, j’ai découvert Stephen King et ses univers fascinants. Quand j’aime un écrivain, je lis tous ses romans pour mieux le connaitre.
À PROPOS DE L’ÉCRITURE :
Où puisez-vous votre inspiration ?
Je m’inspire principalement de mes souvenirs de voyages et de mes rencontres. J’ai visité plusieurs pays et il m’arrive souvent de me dire : « qu’est-ce qui serait arrivé si… » et de créer une histoire à partir d’une personne que j’ai rencontrée ou d’un événement qui s’est déroulé là-bas. Le voyage qui m’a le plus marqué, s’est déroulé au Rwanda où je devais travailler pendant plusieurs mois avec des femmes victimes du génocide de 1993. Ça m’a inspiré « Les hyènes rôdent toujours ».
Y a-t-il des écrivains qui vous ont influencé ou qui vous influencent encore ?
J’adore l’écriture de Michèle Marineau. Je l’ai invitée plusieurs fois dans mes groupes de 2e secondaire pour qu’elle parle de la création de son roman « La route de Chlifa ». Mes enfants ont beaucoup aimé aussi « Rouge Poison ». Actuellement, sur ma table de chevet il y a du Fred Vargas, Amélie Nothomb, David Foenkinos et Camilla Lackberg.
Y a-t-il des manuscrits qui dorment dans vos tiroirs ? Pourquoi ?
J’ai une cinquantaine d’histoires emmagasinées dans mon ordinateur, mais je n’ose pas toutes les envoyer à des éditeurs. Je dois les retravailler et les rendre parfaitement à mon goût.
Lorsque vous terminez l’écriture d’un manuscrit, êtes-vous déjà prête à commencer l’écriture du prochain ?
Je travaille sur plusieurs manuscrits en même temps. Certains dorment et attendent d’être terminés. J’ai besoin d’avoir le bon état d’esprit pour poursuivre mes récits. Mon personnage d’Ève-Marie dans mon plus récent roman « Le Cartel du Poisson » est restée enfermée plusieurs mois dans une valise d’auto avant que je trouve la meilleure façon de la sortir de là. La pauvre!
Lequel de vos personnages vous ressemble le plus ?
Mila dans « Les sacrifiées de Lomé » a certains traits de ma personnalité et le mal des transports, comme moi. Ce récit policier a été inspiré de mon stage en enseignement au Togo. L’histoire a bien sûr été romancée et grandement modifiée. Sinon, dans chacun de mes récits, mes personnages ont des traits des gens qui m’entourent. J’aime aussi faire revivre des personnes qui ont été significatives pour moi. Par exemple, ma défunte grand-mère Florette fait une brève apparition dans « Les hyènes rôdent toujours ».
Quand avez-vous proposé votre manuscrit à un éditeur pour la première fois ?
Juste avant d’avoir quarante ans, je me suis dit : « Si tu veux devenir écrivaine la vieille, il faudrait peut-être que tu envoies un de tes manuscrits à un éditeur! » J’avais dans mes « tiroirs » informatiques Les hyènes rôdent toujours depuis plusieurs années. J’ai été étonnée de recevoir une réponse positive peu de temps après du sympathique Robert Soulières! J’avais le cœur qui battait la chamade! Je faisais lire son roman « Un cadavre de classe » à mes élèves de première secondaire au début de ma carrière! C’était irréel pour moi!
Avez-vous participé à des concours littéraires ? Avez-vous gagné des prix ? Lesquels ?
Mon premier roman, « Les hyènes rôdent toujours », a été finaliste pour le prix Cécile Gagnon et le prix Bernadette Renaud. Mon 2e roman, « Les sacrifiées de Lomé » (Bayard) a reçu le prix de l’ANEL et mon album « Une courtepointe pour Chehab » (Bayard) a été finaliste pour le prix Mélèze de la forêt de la lecture.
Savez-vous si certains de vos écrits ont été intégrés dans des programmes de littérature du primaire ou du secondaire ?
Mon roman « Les hyènes rôdent toujours » est proposé dans quelques écoles du Québec. Mon album « Une courtepointe pour Chehab » aborde la dure réalité des réfugiés. Il est utilisé dans quelques écoles primaires de Montréal pour sensibiliser les enfants à la réalité de certains immigrants.
Quand une idée jaillit, prenez-vous des notes ?
Quand j’ai une idée, j’écris tout ce que je peux : les noms des personnages, leurs liens, leurs occupations, leurs traits de caractère, etc. Et puis je laisse mijoter tout ça. Lorsque je connais approximativement la fin, je commence l’écriture du roman. Parfois, mes personnages me surprennent et commettent des actions que je n’avais pas prévues au départ!
Faites-vous lire votre manuscrit ? À qui ?
Je fais lire certains passages de mes romans à ma fille Mia. Elle a seulement 13 ans, mais est une excellente écrivaine et a un bon jugement. Sinon, mon mari Patrick lit le roman au complet une première fois et le commente. Une fois les correctifs apportés, j’envoie le manuscrit à mes amies Ève et Roxanne. L’une pour la crédibilité du récit et l’autre pour la syntaxe et la grammaire du texte.
Les membres de votre famille lisent-ils vos livres ?
Mon père a lu dernièrement mon roman « Le cartel du Poisson » et son commentaire est l’un de ceux qui m’a le plus touchée. Il m’a dit : « Je me suis levé plus tôt pour avancer dans ton roman. J’avais hâte de connaître la suite! » Venant de mon père qui ne lit pas souvent, c’était tout un compliment!
Avez-vous été encouragée à écrire ou vous a-t-on plutôt découragée ? Par qui ?
J’ai eu la chance d’avoir la même enseignante extraordinaire en 4e et en 6e année : Doris Tremblay. J’étais très timide et elle me faisait lire mes compositions devant toute la classe. C’est ainsi que j’ai développé une certaine confiance en moi. C’est d’ailleurs un peu grâce à elle si je suis devenue enseignante. Elle m’a montré que les enseignants avaient un pouvoir magique : semer l’espoir et la confiance. J’espère être une semeuse d’espoir comme elle l’a été pour moi.
Merci Caroline!
Bibliographie :
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