Je publie dans plusieurs maisons d’édition. Je sais que ça étonne bien des gens, certains auteurs même, et ça pour différentes raisons. La question qui revient le plus souvent c’est : pourquoi ne pas publier tous mes livres pour la jeunesse sous la même enseigne ?

Voici quelques réponses. La plus évidente, c’est que comme j’écris dans différents genres littéraires et pour tous les âges, il me serait difficile de tout publier au même endroit. En effet, j’ai choisi de tout explorer alors que certaines maisons d’édition se spécialisent dans les albums, d’autres dans les romans et très peu en poésie. Beaucoup privilégie un créneau principal, alors que moi, j’ai envie de créer ce qui me plait, dans la forme que je veux. La seule solution est donc de publier dans plusieurs maisons d’édition.

Quand j’envoie un texte, dès le départ, je sélectionne des maisons d’édition qui, à mon avis, serviront le mieux mon texte. Ça sous-entend que je suis au courant de ce qui se fait dans chacune, des orientations éditoriales et aussi de la qualité physique des livres. J’élimine d’emblée les maisons d’édition dont les couvertures n’entrent pas dans mes critères d’esthétique et de design (j’ai une formation universitaire en graphisme) et dont les livres sont imprimés sur du papier de moindre qualité. Je travaille longtemps à créer mon texte, je crois donc essentiel que le produit fini soit à l’image du soin que j’ai mis à écrire mon histoire. Le but, c’est d’avoir un bon et beau livre, un livre dont je suis contente et que j’aime présenter aux jeunes.

Une autre raison, c’est que je ne veux pas mettre tous mes œufs dans le même panier. Il est toujours possible qu’une maison d’édition fasse faillite ou qu’elle soit vendue et que les nouveaux propriétaires décident d’éliminer mes titres de leur catalogue et moi par le fait même. Je me retrouverais alors dans une situation inconfortable et décourageante puisque je devrais recommencer tout le processus pour me faire connaitre auprès des éditeurs. Avec ma façon de fonctionner, plusieurs éditeurs connaissent déjà mon travail.

Je suis également curieuse de découvrir les mécanismes des maisons d’édition et leur manière de traiter les manuscrits reçus. Si plusieurs envoient un accusé de réception, il y en a, dont deux en particulier, qui ne m’ont jamais rien envoyé, ni accusé, ni réponse. J’ai commencé à envoyer des textes à l’une de ces maisons d’édition il y a au moins quinze ans. D’autres m’ont laissé macérer dix-huit mois pour me dire que mon texte était refusé. Des refus, j’en ai eu davantage que des réponses positives. J’ai reçu des refus écrits simplement et avec tact alors que d’autres démolissaient mes textes. Évidemment, j’aurai plus envie d’envoyer d’autres textes où on semble respectueux de mon travail et de moi en tant qu’individu. Je crois aussi que la réponse, positive ou négative d’un éditeur, est un bon indicateur de la manière dont se déroulera le travail de révision et de production d’un livre.

Publier un livre est un travail d’équipe où chacun a son rôle à jouer. Comme auteure, j’ai mon mot à dire sur la production. Je dois aussi accepter l’opinion des autres, profiter des conseils judicieux tout en faisant valoir mon point de vue. Les meilleures équipes sont celles où il n’y a pas de jeux de pouvoir, où tout le monde travaille vers le même but.

Il est normal de vouloir que chacun de mes textes soit mis en valeur. C’est donc logique pour moi de prendre le temps de choisir la maison d’édition pour chacun d’eux. Bien sûr, je continue d’explorer. J’envoie des textes dans des maisons d’édition où je ne publie pas encore. Mon nom et mes textes circulent dans le milieu. Ça ne peut qu’être profitable pour moi.

Comme auteure, je dois croire à mes textes suffisamment pour oser les envoyer à des maisons d’édition dont les livres correspondent à ce que je vise comme produit final. J’ai tout à gagner à publier là où mon texte sera le mieux servi.

En fait, ce choix me donne des ailes…