L’AÉQJ adore la littérature jeunesse d’ici et se passionne pour ses membres : artisans et créateurs littéraires essentiels au développement, à l’apprentissage et au mieux-être des jeunes.

La rubrique Auteur.e chouchou vous offre un moment privilégié avec eux. 

Partez donc à la découverte des diverses facettes de l’auteure Madeleine Fortier…

À PROPOS DE VOUS

Où êtes-vous née et où avez-vous vécu? 

Je suis née dans les Cantons de l’Est, puis j’ai vécu à Montréal, et ensuite dans les Laurentides.

Parlez-nous de votre enfance : vos parents, vos frères, vos sœurs, etc.

Je suis la plus jeune d’une famille de 6 enfants, 3 garçons et 3 filles.

Quelle(s) langue(s) parliez-vous avec votre famille ?

Le français.

Enfant, que faisiez-vous de votre temps libre ?

J’ai eu une enfance très solitaire ; je passais beaucoup de temps dehors, à lire, à rêver, à courir avec mon chien dans la campagne.

Quelle place la lecture occupait-elle chez vos parents ?

Énorme ! En plus, ma mère nous lisait souvent des livres le soir avant d’aller dormir.

Parlez-nous de votre parcours scolaire et des choix d’études que vous avez faits.

J’ai fait un DEC en lettres et un baccalauréat en Histoire de l’art.

Y a-t-il des matières scolaires que vous préfériez ou que vous n’aimiez pas du tout ?

Mes matières préférées, à part le français, étaient le latin (pendant 5 ans), l’algèbre et la géométrie.

Étiez-vous une élève douée ?

Oui, au primaire surtout, j’étais très souvent première de classe.

Quand vous étiez enfant, lisiez-vous beaucoup ? Que lisiez-vous ?

Enfant, je lisais énormément, et de tout. Romans, bandes dessinées, contes, tout ce qui me tombait sous la main. 

Avez-vous toujours rêvé de devenir auteur ou votre venue à l’écriture jeunesse est un hasard de la vie ?

Je n’avais jamais pensé devenir auteure jusqu’en 2018, lorsque j’ai décidé de prendre une formation sur l’art d’écrire un roman. Maintenant je sais que je veux être écrivain à part entière, en faire ma « troisième carrière ».

Avez-vous déjà tenu un journal intime ou des carnets où vous releviez des citations, des pensées, vos états d’âme, etc. ?

Oui, pendant plusieurs années j’ai tenu mon journal intime.

Écriviez-vous des choses que vous ne montriez à personne ?

Absolument. Il était défendu de lire mon journal !

À qui faisiez-vous lire vos écrits ? Quels avis récoltiez-vous ?

Je lisais mes poèmes à des amis et les commentaires étaient très bons. L’an dernier, j’ai fait lire quelques-unes de mes histoires à des enfants de 3 à 7 ans, et ils ont beaucoup aimé, ce qui m’a encouragée à publier mon premier album illustré.

Avez-vous été encouragé à écrire ou vous a-t-on plutôt découragé ? Par qui ?

J’ai été fortement encouragée par mon conjoint. J’avais déjà 6 histoires d’écrites pour les enfants, mais aucune n’avait été publiée. Il m’a encouragée et m’encourage d’ailleurs toujours dans tous mes projets d’écriture. Je suis aussi encouragée par mon fils qui écrit lui aussi. Nous partageons et commentons nos textes, et nous nous conseillons mutuellement.

Êtes-vous mariée ? Avez-vous des enfants ?

Oui, et j’ai deux enfants adultes.

Le fait d’avoir eu des enfants a-t-il influé sur votre activité littéraire ? Si oui, de quelle manière ?

Oui. Puisque leur père était malade, j’ai été occupée avec la famille et avec la « business » à plein temps, pendant plusieurs années. Je n’ai jamais eu le temps vraiment de penser à moi et à ce que je voulais faire.

Les membres de votre famille lisent-ils vos livres ?

Oui.

Vos amis proches sont-ils aussi auteurs ?

Mon fils et un ami sont écrivains.

Pourquoi avoir choisi de vous installer dans la région où vous vivez ?

Je cherchais un lac, des montagnes et des forêts pour écrire mes livres !

Avez-vous une ou des passions autres que la lecture et l’écriture ?

Oui. J’aime dessiner et peindre, broder, faire de la peinture vitrail, céramique et de la peinture sur bois (poupées russes).

À quel moment, dans votre vie, avez-vous commencé à écrire ?

J’ai commencé à écrire à l’âge de 10 ans. Peut-être même étais-je encore plus jeune ! Mais je me souviens que j’adorais écrire autant que j’adorais lire. À l’école, ma matière préférée était le français ; mes compositions étaient parfois lues en classe par le professeur.

Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire ?

Je pense que c’était quelque chose de tout à faire naturel pour moi. J’aimais écrire des chansons, des poèmes, j’écrivais quotidiennement mon journal personnel. Il y avait presque 6000 livres dans la maison de mes parents ! Lire et écrire allaient pour moi de pair.

Si vous utilisez la maison comme espace pour écrire, avez-vous l’impression que vos moments d’écriture sont respectés par les autres membres de la famille ? Avez-vous le sentiment d’être souvent interrompue quand vous écrivez ?

Non, mon espace est respecté.

À PROPOS DE L’ÉCRITURE

Où puisez-vous votre inspiration ?

Dans mes lectures, dans mes diverses expériences et dans tout ce que j’observe dans la vie quotidienne. Un petit chat dont les yeux sont malades m’inspirera l’histoire d’un chat héros. Un chien sans queue m’inspire une histoire expliquant pourquoi les chiens ont des queues. Trois montagnes me donneront l’idée d’une famille de géants.

Dans quel état êtes-vous quand vous écrivez ? Fatiguée, exaltée, impatiente, etc.

Quand j’écris, je me sens très bien, plutôt excitée, surtout quand l’histoire commence à se dessiner devant moi.

Procrastinez-vous souvent quand vient le temps d’écrire ?

Je ne procrastine jamais quand vient le temps d’écrire. J’aime trop cela, et je n’ai jamais assez de temps pour le faire.

Avez-vous besoin d’une ambiance de travail, d’un lieu ou d’un rituel d’écriture pour vous plonger dans l’écriture ?

Non, je n’ai besoin de rien de particulier pour faciliter mon écriture. Un endroit calme, un beau paysage ; je m’installe à mon bureau, avec mon café, parfois j’écoute de la musique classique.

Éprouvez-vous des difficultés au moment de l’écriture ? Comme le syndrome de la page blanche ?

Non, c’est plutôt le contraire ! J’ai du mal à m’arrêter quand je commence.

Lorsque vous êtes en travail d’écriture, lisez-vous d’autres auteurs du même genre ?

Oui. Je lis beaucoup d’histoires pour enfants, des contes, des légendes, et des contes étiologiques.

Avez-vous des thématiques préférées ou des obsessions liées à l’écriture ?

Lorsque je commence à travailler un texte, je deviens comme « obsédée » par mes personnages. J’en parle comme s’ils faisaient partie de la famille !

Préférez-vous écrire vos dialogues dans la langue parlée ou plus soutenue ?

Plutôt soutenue.

Y a-t-il des écrivains qui vous ont influencé ou qui vous influencent encore ?

Je suis depuis très longtemps admiratrice des romans policiers d’Agatha Christie. J’aime comment elle décrit ses personnages, et comment elle utilise la psychologie. Je lis aussi les romans policiers de Anne Perry, car j’apprécie beaucoup le côté historique de ses œuvres, qui se situent à l’époque de la Reine Victoria.

Faites-vous lire votre texte pendant la période d’écriture ? À quel moment ?

Je fais lire mon texte seulement quand il est terminé et que je suis satisfaite, autrement dit quand je l’ai lu et relu et que je ne suis plus capable de le relire…

Vous arrive-t-il de vous relire et de trouver votre texte mauvais ?

Oui cela m’arrive parfois ; dans ces temps-là, je ferme tout et je reviens plus tard. Ou encore je corrige, je change, mais je garde l’ancienne version. On ne sait jamais ! Il m’arrive parfois d’y revenir !

Y a-t-il des manuscrits qui dorment dans vos tiroirs ? Pourquoi ?

Il y en a encore, mais je suis en train de les retravailler pour leur donner vie. S’ils sont dans les tiroirs, c’est par manque de temps.

Acceptez-vous de retravailler votre texte à la demande d’un éditeur ?

Oui, je l’ai fait sans problème. Cependant, lorsque je trouve qu’un changement n’est pas approprié, je le mentionne et nous en discutons.

Quel est l’aspect qui vous semble le plus important à travailler dans un texte ?

Le style, la fluidité du texte, les dialogues, les descriptions ; à peu près tout !

Y a-t-il une part de votre écriture qui est autofictive ?

Oui ! Cela fait du bien !

Utilisez-vous souvent des ouvrages de référence, et si oui quels sont-ils ? Pourquoi ceux-ci ?

Pour les contes et nouvelles : « Comment raconter des histoires à nos enfants », de Sarah Cone Bryant ; « J’écris des nouvelles et des contes », de Louis Timbal-Duclaux.

Pour l’écriture en général : « L’anatomie du scénario », de John Truby.

Ce sont des classiques, ils sont très bien faits, fourmillent d’exemples et d’exercices.

Lorsque vous terminez l’écriture d’un manuscrit, êtes-vous déjà prêt à commencer l’écriture du prochain ?

Oui. Je dirais même que j’ai toujours 2 ou 3 projets en même temps.

Y a-t-il un point commun dans la plupart de vos écrits ?

Je crois que oui, parce que j’écris souvent sur la recherche d’identité, la liberté de choix.

Lequel de vos personnages vous ressemble le plus ?

Cela sera le personnage de mon roman, « Marianne », roman qui va sortir le 28 mai 2021.

Que pensez-vous de vos premiers ouvrages publiés ?

J’en suis très contente. Ce sont de bons livres. 

Complétez à votre guise l’énoncé suivant : « L’écriture c’est… »

De la magie !

À quoi reconnaît-on, selon vous, un grand écrivain ? Un grand texte ?

Lorsque l’on « accroche » dès le départ, lorsqu’on se sent concerné par ce qui arrive aux personnages, lorsqu’on s’intéresse à leurs émotions et à leur sort.

À PROPOS DE VOTRE PROCESSUS D’ÉCRITURE

Quand vous commencez à écrire une histoire, la connaissez-vous en entier ou improvisez-vous au fur et à mesure ?

Je vais rapidement connaître le début, le milieu et la fin. Ensuite je structure et développe.

Écrivez-vous la nuit, ou êtes-vous plutôt une lève-tôt ?

J’écris le week-end et le matin très tôt avant de commencer ma journée de travail.

Écrivez-vous sur de longues périodes (plusieurs heures) par jour ?

Plus ou moins. J’ai écrit de longues heures durant le premier confinement en 2020.

Vous arrive-t-il de mener de front deux, trois romans ?

J’ai trois à quatre projets en marche actuellement.

En cours d’écriture, vous corrigez beaucoup ?

Non, je fais mon premier jet ; et ensuite, je corrige et j’améliore. Je veux plutôt utiliser ma créativité quand elle est présente. Ensuite, lorsque j’ai moins d’inspiration, je retravaille mes écrits.

Vous servez-vous du dictionnaire ?

Je me sers d’Antidote pour les corrections, pour les synonymes, la typographie et le style.

Vous écrivez à la main ou avec un ordinateur ?

À l’ordinateur. Cependant j’aime beaucoup imprimer mon texte lorsqu’il est assez avancé, et je le corrige à la main.

Écoutez-vous de la musique en écrivant ?

Parfois, cela dépend. Il arrive que la musique m’empêche de me concentrer.

Quelle partie d’un texte est la plus difficile à écrire ? Le début ? La fin ? Le milieu ?

Aucune vraiment, en fait je trouve que rien n’est difficile, c’est juste le temps qui manque.

Quand jugez-vous que le roman est terminé ?

Quand je suis satisfaite. Quand toute ma structure est complétée, que tout se tient, que le style est fluide.

Avez-vous déjà participé à des marathons d’écriture ?

Oui, une fois, avec les Éditions Parenthèses. Il fallait écrire une nouvelle en une heure, et j’ai beaucoup aimé l’expérience.

Dans vos romans, utilisez-vous des personnages que vous connaissez ou dont vous avez entendu parler ?

Je fais feu de tout bois, car j’utilise tous les gens que je connais, des petits bouts de chacun, des bouts d’histoire que j’ai lus ou entendus, et j’invente le reste.

À PROPOS DE LA LITTÉRATURE JEUNESSE

Combien de temps avez-vous mis à pouvoir publier votre premier écrit jeunesse ? Était-ce un roman ? Un album ? Une bande dessinée ?

J’ai profité de la pandémie pour écrire et illustrer mon premier album jeunesse, premier d’une série.

Que répondez-vous à ceux qui pensent que la littérature jeunesse est inférieure à celle destinée aux adultes ?

Qu’ils se trompent. Les livres destinés aux jeunes doivent être tout autant de qualité. Je pense qu’un auteur a une responsabilité envers son public, ses lecteurs : il est responsable du message qu’il transmet et de la qualité du véhicule de ce message.

Aimez-vous travailler en collaboration avec l’illustrat.eur.rice ?

Je suis moi-même l’illustratrice. Cependant, j’ai travaillé avec une illustratrice pour la mise en page de mon livre, et j’ai adoré cette collaboration.

Selon vous, qu’est-ce qui fait le succès dans le domaine de l’écriture jeunesse ?

J’avoue que je suis trop nouvelle dans le domaine pour pouvoir répondre. 

À PROPOS DE LA PUBLICATION

Avant la publication de votre premier livre, aviez-vous publié dans des revues ?

Non, je l’ai fait par la suite.

Avant la publication de votre livre, connaissiez-vous d’autres écrivains, des journalistes, des éditeurs ?

J’avais déjà contacté un éditeur pour lui parler de mon projet, qu’il avait accepté. 

Quand vous l’écriviez, aviez-vous déjà en tête l’idée de le publier ?

Oui. Il s’agissait d’un guide pour les chercheurs d’emploi. J’étais dans ce domaine depuis déjà une vingtaine d’années.

Comment vous est venue l’idée de publier ?

J’ai pensé regrouper tous les outils que j’avais créés pour ma pratique ainsi que tous les conseils que je prodiguais à mes clients dans un même livre, pour pouvoir aider le plus de gens possible.

Combien de temps s’est-il écoulé entre le moment où vous avez eu un manuscrit prêt et le moment où vous avez décidé de faire des démarches pour le publier ?

Cela s’est fait en même temps.

Vers quels genres d’éditeurs vous êtes-vous tourné ? Aviez-vous une idée précise dès le début ?

Oui, je voulais une petite maison d’édition et un éditeur avec qui j’aurais une relation de collaboration.

Vous rappelez-vous votre sentiment lorsque votre premier livre a été publié ?

Un bonheur intense ! D’ailleurs j’ai toujours ce même frisson lorsque je tiens mon « bébé » entre mes mains.

Au moment où sortait votre livre, avez-vous eu l’occasion d’en parler publiquement ? Combien de fois et où cela s’est-il passé ?

Un lancement officiel pour le premier ; pour le deuxième, « Usure de compassion », j’ai fait quatre lancements, beaucoup d’entrevues, des balados, etc.

Comment votre livre a-t-il été commenté au moment de sa sortie et ensuite ? Avez-vous été étonnée de cette réception ? Contente? Déçue?…

Les commentaires ont toujours été excellents, surtout pour le deuxième, « Usure de compassion », car il rejoint un plus grand nombre de lecteurs à cause du sujet traité.

Y a-t-il un âge pour publier son premier roman ?

Je ne crois pas ! Puisque mon premier roman sera publié à 64 ans !

Est-ce toujours vous qui choisissez le titre de vos histoires ?

Oui.

À ce jour, combien avez-vous écrit d’ouvrages ?

J’ai deux guides d’écrits et un livre illustré pour enfants. Je suis en train de préparer un recueil de nouvelles. 

Prendrez-vous votre retraite un jour ?

Je vais prendre ma retraite cet automne et en profiter pour écrire à temps plein !

À PROPOS DE LA RECONNAISSANCE

Pour ce qui est de votre expérience de l’autoédition : comment avez-vous diffusé l’ouvrage ? Où l’avez-vous diffusé ? Pourquoi avez-vous choisi l’autoédition ?

« Marjorie au pays de l’arc-en-ciel » est mon premier livre autoédité avec Bouquinbec. J’en fais moi-même la promotion. Pourquoi ai-je choisi l’autoédition ? Pour mon deuxième livre mon éditeur ne s’est pas du tout occupé de la promotion, les délais ont été très longs, et finalement j’ai été obligée de faire plusieurs choses par moi-même. Ce que j’ai appris, j’ai décidé de le mettre en application pour moi-même.

Je fais aussi l’expérience d’un autre type d’édition, où maison d’édition et auteur se partagent les frais. 

Certains de vos livres ont-ils été réédités ?

Deux.

Êtes-vous sensible à la critique que l’on fait de vos écrits ?

Oui.

Avez-vous une opinion à propos des mauvaises critiques ?

J’imagine qu’on risque toujours d’en avoir, mais pour le moment cela ne s’est pas encore produit.

Est-ce que vous pouvez discuter avec ces amis de votre activité d’écriture s’ils ne sont pas eux-mêmes auteurs ? 

Oui, absolument.

À PROPOS DES SOCIABILITÉS LITTÉRAIRES

Pourquoi faites-vous partie d’une association comme l’AÉQJ ? Cela vous aide-t-il à vous donner une visibilité, à mieux faire la promotion de vos livres, à avoir accès à des fonds, à participer à des événements publics ?

Toutes ces réponses !

À quoi correspond, selon vous, le rôle social de l’écrivain ?

Je pense que l’écrivain transmet un message. J’ai remarqué aussi que je pouvais mettre en mots ce que d’autres personnes pensent sans être capables de le dire. Je parle en leur nom ou encore je les aide à mettre des mots sur ce qu’elles vivent.

Bibliographie jeunesse:

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