Quand j’ai commencé l’écriture de mon roman L’ogre et l’enfant, je voulais parler de violence faite aux enfants. C’était le sujet du livre. Peu à peu, j’ai constaté que Nathan, mon personnage principal, manquait d’estime personnelle. J’avais dessiné ce trait de caractère de manière totalement inconsciente, mais je trouvais l’avenue intéressante. J’ai donc voulu l’explorer et j’ai commencé à faire des recherches sur l’estime de soi. C’est là que j’ai compris que j’avais un terrible, un méchant, un vilain syndrome de l’imposteur !
Ce terme, « syndrome de l’imposteur », on le connaît pour l’avoir déjà entendu, mais peu de gens savent vraiment de quoi il s’agit. Pour le comprendre, je me dois d’abord de définir brièvement les notions d’estime de soi et de confiance en soi (oui, ce sont deux concepts très différents).
L’ESTIME DE SOI est la valeur que l’on se donne, le regard que l’on porte sur nous-mêmes. Elle prend racine durant l’enfance, sous le regard de nos parents. Selon qu’ils se sont montrés bienveillants, compréhensifs, stricts, cohérents, verbalement violents, etc., ils ont pu façonner notre estime personnelle de mille et une façons.
La bonne nouvelle, c’est qu’une personne qui se sous-estime peut renverser la vapeur, mais ce sera l’objet d’un autre article. 🙂
Une personne qui a une belle estime de soi se dira : « Je mérite ce qu’il y a de mieux. »
La CONFIANCE EN SOI, quant à elle, repose sur notre capacité à passer à l’action. C’est notre volonté à aller de l’avant, à changer les choses, à évoluer. La confiance en soi nous aide à apprendre de nos échecs pour recommencer à bouger d’une autre manière. On s’appuie sur nos forces et on accepte nos limites. C’est le propre d’une personne qui a échoué des centaines de fois avant de connaître le succès.
Une personne qui a confiance en elle se dira : « Je peux le faire. »
Et quand on a les deux, on se dit : « Je mérite ce qu’il y a de mieux et je peux l’obtenir. » Là, on atteint le summum, tout va bien, on est heureux pour la vie (ah non, zut, ce n’est pas si facile…). En tout cas, ça adoucit notre quotidien 🙂
Maintenant, comment peut-on définir le SYNDROME DE L’IMPOSTEUR, ce parasite qui empêche de nombreuses personnes de s’épanouir pleinement ?
C’est simple : un « imposteur » a confiance en lui, mais manque d’estime personnelle. En gros, il passe à l’action, accomplit de belles choses, mais ne pense pas mériter les lauriers qui viennent avec la réussite. L’imposteur se dira donc : « Je ne comprends pas pourquoi j’ai réussi », « De toute façon, je vais échouer », « Cette personne est bien meilleure que moi », etc. Ça vous fait sourire ? Hum… vous sentez-vous (un peu, beaucoup, passionnément) concerné ?
Dans mon cas, ce syndrome m’empêchait de vivre pleinement ma passion pour l’écriture. Je n’ai aucun problème à m’assoir derrière mon ordinateur pour travailler. Au contraire, j’adore inventer des histoires, et mes nombreux projets d’édition me stimulent.
Non, c’est quand mes livres sortent en librairie que tout dérape. Je minimise les bons commentaires pour ne donner une légitimité qu’aux critiques négatives qui finissent, à la longue, par prendre toute la place et renforcer mon syndrome de l’imposteur.
Pire, je me dis que les autres auteurs sont bien meilleurs que moi, que je n’ai pas ma place dans le monde de l’édition. JE N’AI PAS MA PLACE… S’il y a bien une phrase qui caractérise ce syndrome, c’est celle-ci. Avoir le sentiment de ne pas être à notre place dans notre milieu.
Autre bonne nouvelle de la journée : un syndrome de l’imposteur, ça peut se briser. Yeah ! On fait trois tours de piste, les bras en l’air, et on recommence !
J’y travaille depuis plus de deux ans et je commence enfin à me sentir à ma place dans le domaine de l’édition. Ce que j’ai découvert en travaillant sur moi, c’est que l’important n’est pas de vouloir être bon à tout prix (bon par rapport à quoi, à qui ?), mais de faire ce que l’on aime. Tant pis si tout le monde n’adhère pas à notre style et à nos idées, de toute façon, il serait illusoire de penser que nos actions feront l’unanimité, surtout dans un monde où la critique est devenue tellement facile.
Si je devais choisir un seul conseil, un premier pas à franchir pour vous aider à atténuer votre syndrome de l’imposteur, ce serait celui-ci : mettez l’accent sur vos réussites. Notre cerveau est conditionné à analyser en priorité ce qui est négatif, car c’est une question de survie de l’espèce, un moyen d’apprendre et de faire face aux dangers.
Nous ne sommes plus à l’ère préhistorique que diable !
Aujourd’hui, nous avons la chance de pouvoir être fiers de ce que nous avons accompli et de nous pencher en toute conscience sur ce qui doit être amélioré. Notez que la notion d’« échec » est absente de cette phrase, j’y reviendrai dans un autre article (bientôt, très bientôt).
Nous sommes à notre place, tous autant que nous sommes. Et ceux à qui ça déplaît, on les… (Je laisse votre imagination compléter, je ne vais quand même pas me taper tout le travail !)
Misez sur vous ! Je vous aime 🙂
Magali Laurent