L’AÉQJ adore la littérature jeunesse d’ici et se passionne pour ses membres : artisans et créateurs littéraires essentiels au développement, à l’apprentissage et au mieux-être des jeunes.

La rubrique Auteur.e chouchou existe afin de vous offrir un moment privilégié avec eux. 

Découvrez donc l’auteure jeunesse Isabelle Larouche!…

À quel moment, dans votre vie, avez-vous commencé à écrire ?

J’ai commencé à écrire alors que j’étais toute petite. C’est normal ! Il y a tant d’histoires à raconter ! À huit ans, j’ai entamé un projet qui aura duré plusieurs années : rédactrice en chef du journal La mini presse pas pressée. Tout était écrit et illustré à la main sur plus d’une centaine de copies uniques. Les membres de ma famille et mes amis payaient un dollar pour les lire. Les idées d’articles ? Facile. Je n’avais qu’à ouvrir les yeux et être attentive aux événements qui survenaient autour de moi. Tout y passait : les faits divers, la politique, la publicité, les jeux, les recettes et même les petites annonces ! Parce que ces journaux sont rapidement devenus populaires, je devais y travailler pendant de longues heures. Mais ça ne me dérangeait pas. Mon imagination lissait ses ailes. Je m’inspirais de la réalité et j’inventais le reste. C’est à ce moment que j’ai deviné qu’écrire ferait toujours partie de ma vie. 

Quand vous étiez enfant, lisiez-vous beaucoup ? Que lisiez-vous ?

Nous avions un ami de la famille natif de la Normandie, en France. C’était un homme excentrique qui avait beaucoup voyagé. Il tenait une librairie spécialisée en livres provenant de partout en Europe. Des albums de Russie, de Pologne et d’Italie. Des séries complètes de livres documentaires sur les enfants du monde entier. Quand il venait en visite, j’étais éblouie par le contenu de la grosse boîte qu’il m’apportait. Cet homme avait deviné mon intérêt pour la lecture… Mes parents ont toujours été d’avides lecteurs et nous pouvions passer des journées entières, le nez enfoui entre des pages. J’ai lu énormément de bandes dessinées, mais j’affectionnais aussi les livres de contes, les documentaires historiques, scientifiques et les romans d’aventure. Au sous-sol de notre maison à Chicoutimi, nous nous vantions d’avoir la plus grande bibliothèque au monde. En effet, des bouquins s’accumulaient sur des étagères qui allaient du plancher jusqu’au plafond et ce, sur tous les murs et dans toutes les pièces. Cela impressionnait mes amis quand j’essayais de leur faire croire que tous ces livres soutenaient la maison !

Avez-vous déjà tenu un journal intime ou des carnets où vous releviez des citations, des pensées, vos états d’âme, etc. ?

À douze ans, mon grand frère m’a offert un petit cahier chinois pour Noël. J’adorais sa couverture de soie tissée en un paysage oriental et ses pages de papier de riz. Ah ! Le parfum si invitant de ces pages ! Comment y résister ? J’y ai tout de suite couché mes pensées et mes secrets : mon premier journal intime. Je venais de lire celui d’Anne Frank. Cela m’avait inspirée. Comme elle, j’avais déjà développé une relation avec l’écriture. Mais, ces pages introspectives m’ont amené à approfondir les idées et les sentiments. Avec le temps, elles sont devenues une sorte de refuge merveilleux où je pouvais raconter mon quotidien, noter mes réflexions sur la vie, tenter de comprendre les choses qui se compliquent à mesure qu’on grandit et même m’abandonner dans mes premiers essais de fiction. J’ai vite rempli ce premier carnet, puis un autre l’a suivi, puis un autre, puis des dizaines, jusqu’à aujourd’hui. Car j’écris encore régulièrement dans un journal intime, cette oasis où je me sens entièrement libre d’étendre mes ailes et d’aller n’importe où pour explorer ma créativité. 

À quel âge avez-vous écrit vos premiers « vrais romans » ?

J’avais treize ans et une idée de roman en tête : une histoire à propos d’un musicien mystérieux qui habitait dans une maison abandonnée. Je me plaçais dans la peau de la jeune fille qui allait faire sa rencontre. Tous les soirs, je m’asseyais devant la vieille Remington de mon père. C’était la machine à écrire qu’il avait utilisée au tout début de sa carrière à Radio Canada. J’adorais le mécanisme des petits marteaux qui imprimaient les lettres sur le papier. Je pliais une page en deux, je l’insérais entre les rouleaux, puis mes doigts s’activaient en une danse rythmée. Au bout d’un mois, j’avais une soixantaine de pages tapuscrites. Il y en avait autant, toutes froissées en boules dans la corbeille. Je n’avais pas fait de plan, mon intrigue était approximative et je me suis perdue en chemin. Ce roman est resté inachevé à tout jamais. 

Vous rappelez-vous votre sentiment lorsque votre premier livre a été publié ?

Voici une anecdote comique que j’ai souvent racontée lors de mes conférences d’auteure. Enfant, je souhaitais être écrivaine, mais j’ignorais si cela se réaliserait un jour. Puis, mon premier livre est paru au début de la trentaine. J’avais pris le métro pour me rendre chez mon éditrice. Elle avait une dizaine d’exemplaires de mon album La légende du corbeau pour moi. Je n’en croyais pas mes yeux. Il était si beau ! Un rêve devenu réalité ! J’avais écrit un livre ! Un vrai ! Pendant tout le trajet de retour à la maison, j’ai tenu une copie collée contre ma poitrine, de manière à ce que mon visage sur la 4e de couverture soit bien visible. J’espérais qu’un voyageur m’interpelle pour me dire quelque chose comme : Heu, pardon madame… Est-ce bien vous sur la photo? Mon cœur bondissait chaque fois qu’on passait à côté de moi. Évidemment, personne n’a remarqué. Mais la fierté, elle, est restée dans mon cœur depuis ce jour et elle n’a jamais faibli. Cette même joie de tenir son livre pour la première fois ne s’estompera jamais. Et elle se répète chaque fois que ce petit miracle m’arrive. 

Avez-vous déjà eu l’occasion d’être invité en tant qu’écrivain à l’étranger ? 

Depuis 2008, j’ai participé à tous les Salons du livre au Québec, en Ontario et au Nouveau-Brunswick. J’ai eu le bonheur d’être invitée dans presque toutes les provinces et territoires du Canada. Souvent, c’était pour présenter mes histoires et mon métier d’auteure dans des écoles. Parfois, c’était dans le cadre de projets d’écriture avec des élèves qui s’impliquaient dans toutes les étapes de la création d’un livre. Je les ai amenés à s’inspirer d’anecdotes vécues par les aînés de leur communauté. Ces projets ont su créer des ponts entre les gens. Un partage entre les générations et la diversité culturelle qui s’étend d’un océan à l’autre. La globe-trotteuse en moi remercie la vie de m’avoir permis de vivre d’aussi belles aventures ! 

Merci Isabelle!

(Bibliographie partielle)